• Le nouveau pacte transatlantique

    La nouvelle stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis vise à reformer le pacte transatlantique sur une base ouvertement raciste, voire fasciste. Elle reste axée sur la lutte contre la Chine, désor-mais également en Amérique latine.

    WASHINGTON/BRUXELLES (rapport exclusif) – La nouvelle stratégie de sécurité nationale des États-Unis vise à reformer l'al-liance transatlantique sur une base ouvertement raciste, voire fasciste. Comme l'indique le docu-ment publié à la fin de la semaine dernière, les Etats-Unis souhaitent continuer à bénéficier du soutien de l'Europe pour atteindre leurs objectifs mondiaux. Toutefois, cela doit se faire sur une nouvelle base. Les États de l'UE étant menacés d'« extinction civilisationnelle » en raison de leur immigration, Washington doit les « aider » à « corriger leur trajectoire actuelle ». Les « partis pa-triotiques » sont expressément salués ; parmi eux figure notamment l'AfD, qui a ouvertement sou-tenu l'administration Trump. Les réactions des partis au pouvoir à Berlin sont mitigées. La lutte pour le pouvoir contre la Chine reste au cœur du document stratégique des Etats-Unis. L'adminis-tration Trump l'étend désormais explicitement à l'Amérique latine. Le document stratégique des Etats-Unis qualifie l'accent mis sur le renforcement de la présence économique et militaire améri-caine sur le sous-continent d'« ajout Trump » à la doctrine Monroe, qui revendique l'Amérique la-tine comme sphère d'influence exclusive des Etats-Unis. Lire la suite

  • Des assassinats par drone aux meurtres en mer

    Trump maintient ses menaces de guerre contre le Venezuela et étend ses menaces à d'autres pays. Berlin (« droits de l'homme ») reste silencieux à ce sujet, tout comme sur les meurtres commis par les US en mer dans les Caraïbes.

    BERLIN/CARACAS/WASHINGTON (rapport exclusif) – Le président US Donald Trump étend ses menaces de guerre contre les États d'Amérique latine et envisage des bombardements contre tous les pays touchés par le trafic de drogue. Cela vaut en particulier pour la Colombie, a déclaré Trump mardi, après avoir annoncé, dans une intervention sans précédent, qu'il fermait l'espace aérien de l'État souverain du Venezuela. Alors que les Nations unies exigent de Washington qu'il respecte à nouveau le droit international et mette fin à ses agressions, le gouvernement fédéral allemand, qui se pose habituellement en défenseur des droits de l'homme, reste obstinément silencieux. Auparavant, le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul avait déclaré, à propos des attaques meurtrières contre les bateaux par les Etats-Unis dans les Caraïbes, qui suscitent des critiques notables en France et en Grande-Bretagne, que les Etats-Unis et le Venezuela devaient « résoudre la question bilatéralement » et que le Venezuela devait « faire preuve de retenue ». Les attaques meurtrières violent le droit international et le droit US, car ils tuent des personnes sans les traduire en justice ni même leur prouver qu'elles ont commis un crime. Ils rappellent ainsi les assassinats commis depuis de nombreuses années par les drones US au Pakistan et en Somalie, par exemple. Lire la suite

  • L'avenir blanc de l’Occident

    L'administration Trump exige la « remigration », reprenant ainsi la terminologie de l'extrême droite, et demande aux ambassades US en Europe de contraindre les gouvernements locaux à imiter sa politique raciste de déportation.

    WASHINGTON/BERLIN (rapport exclusif) – L'administration Trump reprend à son compte la revendication de « remigration » de l'extrême droite européenne et engage des démarches diplomatiques pour imposer sa politique raciste d'expulsion, y compris en Allemagne. Le président Donald Trump a déclaré la semaine dernière que seule une « migration inverse » pouvait sauver les Etats-Unis. Le ministère US de la Sécurité intérieure exige une « remigration immédiate ». Washington lance à cette fin une nouvelle escalade de ses expulsions, principalement de personnes non blanches, tandis que des Sud-Africains blancs issus de milieux souvent racistes sont accueillis comme réfugiés aux Etats-Unis. La « remigration » fait partie du catalogue de revendications de l'AfD dans son programme électoral pour les élections fédérales. Le responsable de la nouvelle organisation de jeunesse de l'AfD, fondée ce week-end, se prononce en faveur de « millions d'expulsions ». Dans une lettre récente, le département d'État a demandé aux ambassades US-dans le monde transatlantique, y compris en Allemagne, d'exercer une forte pression sur les gouvernements de leurs pays hôtes afin de les contraindre à imiter la politique d'expulsion raciste des États-Unis.Cela permettrait de former un bloc de pouvoir blanc, supposé puissant, pour les luttes hégémoniques mondiales. Lire la suite

  • Le corridor de Lobito

    Le sommet UE-Afrique vise à renforcer la position affaiblie de l’UE sur le continent africain et à améliorer l'accès aux matières premières. L'UE s'appuie sur une ancienne voie ferrée coloniale reliant le sud du Congo à l'Angola.

    LUANDA/BRUXELLES (rapport exclusif) – Lors du sommet UE-Afrique, l'Allemagne et l'UE se sont efforcées d'obtenir un meilleur accès aux matières premières africaines. « Nous ne voulons pas laisser le continent à d'autres », a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz à l'occasion du septième sommet entre les deux parties depuis 2000, qui se terminait mardi dans la capitale angolaise Luanda. Merz, qui s'était récemment exprimé de manière méprisante à propos de la métropole de Belém, dans le nord du Brésil, où il s'était rendu pour la conférence des Nations unies sur le climat COP30, s'est cette fois-ci visiblement efforcé de ne pas offenser ses hôtes angolais. Il a plutôt déclaré que l'UE devait « rester » le premier partenaire commercial de l'Afrique. En réalité, l'influence économique de l'Allemagne et de l'UE sur le continent ne cesse de diminuer. En Angola, Berlin, Bruxelles et Washington s'intéressent principalement au soi-disant corridor de Lobito, un corridor de transport qui relie les régions riches en matières premières du sud du Congo et de la Zambie à la côte atlantique de l'Angola. Une voie ferrée datant de l'époque coloniale doit y être remise en état afin d'acheminer vers l'Occident les réserves de cobalt et de cuivre, actuellement contrôlées principalement par la Chine. Lire la suite

  • La lutte pour la souveraineté numérique (II)

    L'Allemagne et la France lancent une nouvelle initiative visant à réduire leur dépendance numérique vis-à-vis des Etats-Unis. La Fondation Science et Politique met en garde contre un éventuel chantage de la part de Washington.

    BERLIN/PARIS/BRUXELLES (rapport exclusif) – Lors d'un « sommet sur la souveraineté numérique européenne », plusieurs chefs d'État et de gouvernement de l'UE ont discuté la semaine dernière de mesures visant à réduire la dépendance numérique de l'Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Le sommet avait été officiellement organisé par l'Allemagne et la France. Un document de position (« Déclaration sur la souveraineté numérique européenne ») a été publié, considéré comme la tentative la plus complète à ce jour au sein de l'UE pour formuler une conception commune de la souveraineté numérique.Peu de temps auparavant, la Fondation Science et Politique (SWP) de Berlin avait publié une analyse soulignant la dépendance de l'UE vis-à-vis des Etats-Unis en matière de cybersécurité. L'auteure met en avant trois scénarios dans lesquels des Etats-Unis pourraient utiliser la dépendance de l'UE comme une arme contre elle, notamment un scénario dans lequel ils l'utiliseraient à des fins de chantage dans le domaine de la politique étrangère et militaire. Cependant, la question de la souveraineté numérique de l'Europe n'est pas nouvelle. La confédération d'États a déjà pris des initiatives dans ce sens par le passé. L'une d'entre elles, appelée Gaia-X, a été considérée par beaucoup comme un échec, mais elle fait actuellement l'objet d'un nouvel élan. Lire la suite

  • Dispute autour du plan à 28 points

    Dans le cadre des négociations à Genève, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne cherchent à modifier des éléments centraux du plan en 28 points pour un cessez-le-feu, notamment dans l'intérêt de leur industrie de l’armement.

    BERLIN/WASHINGTON (rapport exclusif) L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne cherchent, dans le cadre des négociations avec des Etats-Unis à Genève, à modifier en profondeur les éléments centraux du plan en 28 points pour un cessez-le-feu en Ukraine. Il s'agit d'une part de déterminer à quoi serviront exactement les avoirs russes gelés dans l'UE, et d'autre part de définir les restrictions qui seront imposées aux forces armées ukrainiennes. Alors que Berlin et Bruxelles affirment officiellement défendre les intérêts de l'Ukraine, il s'agit en réalité des intérêts de l'Allemagne et de l'UE. L'UE prévoit ainsi d'utiliser les avoirs russes à l'étranger pour armer l'Ukraine avec des armes issues de sa propre production, ce qui favorise le développement de l'industrie de l'armement de l'UE. Le plan en 28 points prévoit l'utilisation des fonds pour la reconstruction de l'Ukraine. Il contient en outre des restrictions pour les forces armées ukrainiennes, qui pourraient entrer en conflit avec les projets de plusieurs États membres de l'UE visant à exporter de manière lucrative des armes vers ce pays. Si Berlin et Bruxelles parviennent à imposer leurs exigences, le plan en 28 points risque d'échouer. La guerre se poursuivrait alors. Lire la suite

  • Entrée en guerre au lieu d'un plan de paix

    Le nouveau plan des Etats-Unis et de la Russie pour un cessez-le-feu en Ukraine se heurte au refus de Berlin. Un député CDU réclame de facto l'entrée en guerre. Deux tiers de la population ukrainienne réclament des négociations de paix.

    BERLIN/KIEV/WASHINGTON (rapport exclusif) – Le nouveau plan américano-russe pour un cessez-le-feu en Ukraine se heurte au refus de Berlin. Selon certaines informations, les envoyés spéciaux de la Russie et des États-Unis se seraient récemment mis d'accord sur un plan en 28 points visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Ce plan prévoit que l'Ukraine abandonne complètement les régions de Donetsk et de Louhansk et accepte des restrictions claires concernant ses forces armées. En contrepartie, elle bénéficierait de garanties de sécurité. Un tel plan est « inacceptable », estime Thorsten Frei, chef de la chancellerie. Le politicien CDU Roderich Kiesewetter demande plutôt d'élaborer un « plan de victoire » pour l'Ukraine et, entre autres, de prendre en charge la « défense aérienne au-dessus de l'Ukraine occidentale », c'est-à-dire d'entrer en guerre. La haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, avait déjà déclaré que les guerres étaient « perdues par ceux qui manquent le premier d'argent ou de soldats » et que l'UE prendrait en charge les finances de Kiev. Non seulement la résistance contre la conscription forcée des hommes augmente parmi la population ukrainienne, mais une majorité des deux tiers souhaite également que des négociations soient engagées pour mettre fin à la guerre le plus rapidement possible. Lire la suite

  • L'opinion publique est fabriquée

    L’UE annonce un « bouclier » contre les « opérations d'information » provenant de l'étranger et souhaite atteindre la « résilience sociale » dans les luttes du pouvoir internationales en repoussant les opinions indésirables.

    BRUXELLES (rapport exclusif) – La Commission européenne annonce la mise en place d'un « bouclier » destiné à repousser les « opérations d'information » indésirables lancées par des pays étrangers hostiles. Dans le contexte actuel de « confrontation politique grandissante », il est nécessaire de préserver « l'intégrité » de l'« espace d'information » européen, estime Bruxelles ; pour cela, il faut lutter contre les positions indésirables lancées par des pays tiers. Il s'agit actuellement principalement des opinions défendues par la Russie. La lutte contre celles-ci est nécessaire pour « renforcer la résilience sociale », explique la Commission européenne. À cette fin, un nouveau « centre pour la résilience démocratique » doit être créé, qui s'opposera aux opinions indésirables en dialoguant avec des soi-disant vérificateurs de faits, des services médiatiques ou encore des scientifiques. Alors que l'UE prétend vouloir protéger la liberté d'expression à l'intérieur de ses frontières contre les attaques extérieures, les journalistes dénoncent une restriction grandissante de la liberté d'expression par des forces internes à l’UE. En mai, la Commission a inscrit un journaliste sur une liste de sanctions, le neutralisant ainsi de manière extralégale, en contournant la voie judiciaire. Lire la suite

  • « Pas de place pour un cordon sanitaire »

    L'AfD reçoit un soutien croissant de l'administration Trump. Celle-ci s'entoure de réseaux qui se considèrent comme une nouvelle « aristocratie ». La menace d'une nouvelle dérive vers la droite plane également sur le Parlement européen.

    BRUXELLES/BERLIN/WASHINGTON (rapport exclusif) – L'AfD bénéficie d'un soutien croissant de la part de la Maison Blanche. Dans le même temps, le Parlement européen pourrait à nouveau rompre – de manière plus radicale cette fois-ci – avec le cordon sanitaire vis-à-vis de l'extrême droite. C'est ce que pourrait décider le groupe conservateur PPE ; afin d'obtenir un affaiblissement radical de la directive sur les chaînes d'approvisionnement par le Parlement, il envisage de coopérer avec des groupes d'extrême droite tels que l'EKR et les Patriots for Europe. L'économie allemande et le chancelier fédéral Friedrich Merz insistent sans relâche pour que la directive soit affaiblie. L'AfD, quant à elle, profite du fait que plusieurs de ses responsables politiques ont récemment été reçus à la Maison Blanche et au département d'État US. Washington commence à faire pression sur Berlin pour qu'il mette fin à l'exclusion de l'AfD et envoie un stratège électoral de Trump à Berlin pour conseiller le parti. Cet homme considère Trump et l'AfD comme engagés dans une « guerre spirituelle » contre les « marxistes » et les « mondialistes ». L'administration Trump, qui protège l'extrême droite, s'entoure en même temps de réseaux de milliardaires qui se considèrent comme une nouvelle « aristocratie » ayant un droit légitime à régner. Lire la suite

  • Boycott de leur propre sommet

    De nombreux chefs d'État et de gouvernement de l'UE, dont le chancelier Merz, ont fait défaut à la dernière minute à leur sommet avec le groupe latino-américain CELAC dimanche – par crainte de représailles de l'administration Trump.

    SANTA MARTA/BERLIN/WASHINGTON (rapport exclusif) – Dimanche, de nombreux chefs d'État et de gouvernement de l'UE, dont le chancelier Friedrich Merz, ont torpillé le sommet de l'UE avec l'alliance latino-américaine CELAC en lui infligeant un affront massif. L'UE avait en effet accordé une grande importance à ce sommet afin de renforcer son influence en baisse dans la région et de contrer l'influence croissante de la Chine. Elle avait annoncé à l'avance qu'elle saluait « la force et la vitalité du partenariat » avec le sous-continent. Peu avant le sommet, Merz, le président français Emmanuel Macron, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et d'autres chefs d'État et de gouvernement de l'UE ont toutefois annulé leur participation. Cette décision a été prise dans le contexte de la campagne de violence menée par l'US-administration dans les Caraïbes, où l'US-administration Trump n'a cessé de couler des bateaux et d'assassiner des dizaines de personnes. Le président colombien Gustavo Petro, hôte du sommet UE-CELAC, ayant critiqué cette campagne, les États-Unis ont imposé des sanctions à son encontre. De nombreux hauts responsables de l'UE et de ses États membres ont alors boycotté Petro et, par conséquent, leur propre sommet, par obéissance anticipée et par crainte de représailles de la part de l'administration Trump. Lire la suite