« Buy European »
L'UE prépare des clauses « Buy European » pour compenser les pertes à l'exportation qui menacent en raison des nouveaux droits de douane US. De nouveaux accords de libre-échange devraient ouvrir de nouveaux débouchés.
BRUXELLES/BERLIN (rapport exclusif) – Afin de compenser les pertes à l'exportation dues aux récents droits de douane US, la Commission européenne prépare pour la première fois des clauses « Buy European », en violation flagrante des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le contexte est le suivant : l'accord douanier entre l'UE et des Etats-Unis permet à l'administration Trump de prélever des droits de douane de 50 % sur l'acier, l'aluminium et de nombreux produits dérivés. Cette mesure touche près de 9 % de toutes les exportations allemandes vers des Etats-Unis. Afin de permettre au moins leur vente dans l'UE, la Commission européenne prévoit de son côté d'imposer des droits de douane pouvant atteindre 50 % sur les importations de marchandises concurrentes. En outre, les marchés publics ne devraient plus utiliser ou privilégier que des biens fabriqués dans l'UE, tels que l'acier vert. Le ministre fédéral des Finances, Lars Klingbeil, approuve ce projet pour les projets d'infrastructure publics. Le chancelier fédéral Friedrich Merz a confirmé la semaine dernière que la République fédérale devait réduire sa dépendance économique vis-à-vis des Etats-Unis. Les accords de libre-échange, auxquels l'UE s'efforce actuellement de donner plus de poids, servent également ce projet. Les premiers protestations des agriculteurs contre l'accord avec le Mercosur se font entendre en France. Lire la suite
Hambourg en guerre
L'armée allemande s'entraîne dans le centre-ville de Hambourg, en collaboration avec des acteurs civils, pour une guerre contre la Russie. Des convois militaires et des hélicoptères doivent circuler jour et nuit dans les quartiers de la ville.
HAMBOURG (rapport exclusif) – Avec le début aujourd'hui des manœuvres Red Storm Bravo, l'armée allemande organise pour la première fois un exercice de guerre non seulement dans le port, mais aussi à grande échelle dans plusieurs quartiers de la métropole nord-allemande de Hambourg. Selon le scénario de la manœuvre, « les troupes de l'OTAN arrivent avec leur équipement et leurs systèmes d'armes dans le port de Hambourg, d'où elles sont transportées vers l'est par route et par rail », explique le commandant responsable du commandement régional de Hambourg. Dans le cadre de cet exercice, des convois militaires et des hélicoptères doivent traverser ou survoler des quartiers pendant la journée, mais surtout pendant la nuit ; des « détonations » et des « dégagements de fumée » sont à prévoir, selon les informations disponibles. Les autorités et les entreprises civiles, dont Airbus et la société Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA), sont étroitement associées à cet exercice. L'agence pour l'emploi de Hambourg teste l'application d'une loi de 1968 qui permet d'obliger des civils à effectuer certains travaux, c'est-à-dire d'exercer une contrainte de travail.Des observateurs mettent en garde : l'importance de Hambourg en tant que plaque tournante pour les transports militaires en ferait une cible prioritaire en cas de guerre. Des protestations contre cette manœuvre ont été annoncées. Lire la suite
Le virage à droite à la Trump
Le virage extrême à droite de Trump entraîne des effets d'imitation dans l'UE : plusieurs États veulent classer « l'Antifa » comme « terroriste ». L'AfD est actuellement le parti le plus fort et pourrait faire partie du gouvernement.
WASHINGTON/BERLIN (rapport exclusif) – La spectaculaire dérive politique vers la droite des États-Unis sous la présidence de Donald Trump entraîne les premiers effets d'émulation dans deux États et divers partis de l'UE. Après que Trump a déclaré jeudi qu'il souhaitait classer les organisations antifascistes (« l'Antifa ») comme « organisations terroristes », le Parlement néerlandais a demandé au gouvernement du pays de faire de même. Vendredi, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a annoncé son intention de se rallier au président US. Des demandes identiques ont également été formulées, entre autres, par le président du parti belge au pouvoir, le Mouvement réformateur (MR), et par l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). L'AfD est désormais en tête de deux sondages sur le parti le plus puissant d'Allemagne, devant la CDU (Union chrétienne-démocrate) et la CSU (Union chrétienne-sociale). Au sein des partis de l'Union, on estime que si le SPD (Parti social-démocrate) continue de refuser les coupes sociales drastiques souhaitées au sein du gouvernement fédéral, d'autres coalitions gouvernementales sont envisageables, faisant allusion à une coalition avec l'AfD. Celle-ci pourrait s'avérer nécessaire pour mettre en œuvre les plans d'armement drastiques de Berlin. L'administration Trump montre quant à elle des tendances fascistes. Lire la suite
« Arrêtez von der Leyen ! »
Allemagne : résistance acharnée contre des sanctions européennes à l'encontre d'Israël. À Gaza, le nombre de morts dépasse les 65 000, celui des victimes de la famine atteint 435. Les Nations unies qualifient ces événements de génocide.
BERLIN/TEL AVIV (rapport exclusif) – En Allemagne, une résistance acharnée s'organise contre les sanctions proposées par la Commission européenne à l'encontre d'Israël.Il est « bouleversant » que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, « poursuive son idée mal conçue de sanctions commerciales... », déclare Armin Laschet (CDU), président de la commission des affaires étrangères du Bundestag ; il faut l'arrêter. La Commission avait précédemment proposé d'imposer des sanctions contre les ministres d'extrême droite et de suspendre l'accord d'association de l'UE avec Israël dans le domaine commercial. Un refus de la République fédérale pourrait faire échouer les deux mesures. C'est ce qui risque de se produire, bien que la situation dans la bande de Gaza soit dévastatrice et que l'armée israélienne poursuive sa nouvelle offensive terrestre. Officiellement, plus de 65 000 personnes ont trouvé la mort, dont plus de 80 % de civils ; le nombre de morts de faim est passé à au moins 435. Mardi, une commission indépendante de l'ONU a conclu dans un rapport qu'Israël commettait un génocide et que ceux qui ne s'y opposaient pas se rendaient coupables de « complicité ». Les organisations humanitaires appellent à une intervention dans la bande de Gaza. Lire la suite
Exercices militaires au Groenland
Plusieurs pays européens membres de l'OTAN, dont l'Allemagne, mènent des exercices militaires au Groenland et dans ses environs, réaffirmant ainsi leur opposition aux projets d'annexion US. Ces manœuvres visent également la Russie.
NUUK/COPENHAGUE/BERLIN (rapport exclusif) – À travers des exercices militaires au Groenland et dans ses environs, plusieurs pays européens membres de l'OTAN, dont l'Allemagne, manifestent leur opposition à la demande US-d'annexion de l'île danoise. Le président des Etats-Unis Donald Trump a réaffirmé à plusieurs reprises son intention d'annexer le Groenland aux Etats-Unis et n'a pas exclu le recours à des moyens militaires. Plusieurs services secrets des Etats-Unis ont lancé les premières activités subversives afin d'identifier les partisans et les opposants des Etats-Unis au Groenland et de semer les premiers troubles. Début juin, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Nuuk, la capitale du Groenland. Peu après sa visite, un navire de guerre allemand, le ravitailleur de force Berlin, y a fait escale pour la première fois.Nils Schmid, secrétaire d'État parlementaire au ministère de la Défense, s'est également rendu sur place pour faire passer le message que pour la République fédérale, « la sécurité du Groenland » n'était pas un « simple slogan ». Avec les mesures prises par le Danemark pour s'assurer le soutien futur de l'UE contre d'éventuelles agressions US-américaines, la militarisation de l'île danoise s'accélère, notamment dans le contexte de la lutte pour le pouvoir contre la Russie. Lire la suite
« Resilience Factories »
Des start-ups allemandes spécialisées dans l'armement concluent un « partenariat stratégique » pour développer la guerre basée sur l’IA. Elles évitent largement les composants US ; leurs armes ont été testées pendant la guerre en Ukraine.
BERLIN (rapport exclusif) – Deux des principales start-ups allemandes spécialisées dans l'armement concluent un «partenariat stratégique» pour développer la conduite de la guerre basée sur l'IA en visant une indépendance maximale des États-Unis. Le développement prévu d'un « réseau de reconnaissance et d'action basé sur l'IA », grâce auquel « les forces armées en situation de combat » pourront à l'avenir « agir plus rapidement, plus précisément, plus efficacement et à plus grande distance », est délibérément «conçu à l'échelle européenne», selon Helsing et Arx Robotics. Avec une valeur de douze milliards d'euros, Helsing est la start-up allemande la plus chère de toutes. Arx Robotics est également considérée comme un espoir pour le monde des start-ups. L'objectif de ces entreprises – à la différence d'un géant de l'armement comme Rheinmetall, profondément ancré dans une logique transatlantique – est de bâtir une industrie de défense européenne, voire parfois exclusivement allemande, affranchie de toute dépendance vis-à-vis des États-Unis. Cela se fait en étroite collaboration avec l'industrie de l'armement en Ukraine et les forces armées ukrainiennes, qui utilisent les nouvelles armes développées pendant la guerre. Les start-ups allemandes fabriquent ainsi du matériel de guerre qui a fait ses preuves dans la pratique. Lire la suite
Terrorisme d'État
Après l'attaque aérienne israélienne contre Doha, Berlin se limite à des critiques verbales. Au Moyen-Orient, la confiance dans les garanties de sécurité US s'amenuise. La Syrie se tourne désormais vers la Russie sous le régime islamiste.
BERLIN/TEL AVIV/DOHA/DAMAS (rapport exclusif) – Le gouvernement fédéral allemand réagit à l'attaque aérienne israélienne contre la capitale qatarienne Doha seulement par des critiques verbales et n'envisage aucune mesure concrète. Bien que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ait déclaré mercredi dernier qu'elle proposerait des sanctions contre des ministres israéliens et une suspension de l'accord commercial d'association avec Israël, le gouvernement fédéral allemand aurait déjà, selon des initiés, clarifié qu'il s'y opposerait comme par le passé.Berlin prend ainsi position contre les États de la péninsule arabique, qui exigent une réponse concrète des pays européens à l'attaque contraire au droit international, qualifiée de « terrorisme d'État » par le Premier ministre qatari. La double attaque de drones contre la flottille Global Sumud, qui souhaite acheminer des biens humanitaires vers Gaza, n'a aucune importance pour Berlin. Entre-temps, il apparaît que la confiance de longue date dans les garanties de sécurité américaines s'estompe au Moyen-Orient ; les experts estiment donc que des Etats-Unis sont « les principaux perdants » de cette attaque. Même sous le nouveau régime islamiste, la Syrie commence à se tourner vers la Russie en raison des attaques israéliennes incessantes. Lire la suite
Les crises de l'UE
Le mécontentement envers von der Leyen monte avant son discours sur l'état de l'Union, à cause de son accord douanier avec les États-Unis, sa politique envers Israël et l'accord avec le Mercosur. Ce dernier aggrave la crise en France.
PARIS/BERLIN/BRUXELLES (rapport exclusif) – À l'approche du discours sur l'état de l'Union que la présidente de la Commission européenne doit prononcer ce mercredi, le mécontentement grandit au sein de l'UE à l'égard de la gestion d'Ursula von der Leyen. La résistance grandit notamment contre l'accord sur les droits de douane que Ursula von der Leyen a conclu avec le président US Donald Trump ; selon le groupe social-démocrate du Parlement européen, les droits de douane unilatéraux qu'il prévoit sont "illégaux" et sapent la crédibilité et l'autonomie de l'UE. Le soutien quasi inconditionnel apporté par Mme von der Leyen à la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza suscite également des protestations croissantes. Le fait que la présidente de la Commission ait proposé l'adoption de l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur suscite également un vif mécontentement. Cela pourrait permettre de passer outre l'opposition de la France, qui rejette cet accord dans l'intérêt de ses agriculteurs. Cela risque d'aggraver encore la crise dans laquelle se trouve la France, deuxième puissance de l'UE, depuis la démission du Premier ministre François Bayrou lundi. Compte tenu de l'endettement croissant de la France et de la République fédérale, les premiers avertissements d'une nouvelle crise financière dans l'UE se font entendre. Lire la suite
Des garanties de sécurité risquées
La « coalition des volontaires » occidentale décide de donner des « garanties de sécurité » à l'Ukraine, y compris l'envoi de troupes contre la volonté de la Russie, risquant ainsi une nouvelle prolongation de la guerre.
PARIS/BERLIN/KIEV (rapport exclusif) – Une « coalition des volontaires » composée principalement d'États européens, dont l'Allemagne, a décidé d'accorder des « garanties de sécurité » à l'Ukraine, y compris le déploiement de troupes sur le territoire ukrainien. Comme l'a annoncé jeudi le président français Emmanuel Macron après une réunion à Paris, 26 États au total participent à cette initiative. Mais tous ne veulent pas envoyer de soldats. Le chancelier allemand Friedrich Merz avait laissé entendre à la mi-août qu'il était prêt à le faire, mais il s'est montré plus prudent récemment. Wolfgang Ischinger, l'ancien chef de la Conférence de Munich sur la sécurité, a qualifié le débat sur l'envoi de militaires en Ukraine de « débat fantôme » : la Russie n'approuvera de toute façon pas ce plan, a-t-il dit. Moscou vient de le confirmer et annonce qu'elle continuera la guerre si on n'arrive pas à trouver une solution par la négociation. Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, dit qu'il ne faut pas se soucier de « ce que la Russie pense au sujet des troupes en Ukraine ». L'OTAN a déjà ignoré les lignes rouges de Moscou au début de l'année 2021/22. On connaît les conséquences. Lire la suite
Du tournant historique à la rupture de l'époque
Merz annonce les premières coupes sociales drastiques pour financer le réarmement et promet une « rupture de l'époque » ou la fin de la « République de Bonn ». La pauvreté en Allemagne augmente déjà de façon significative.
BERLIN (rapport exclusif) – Le chancelier allemand Friedrich Merz lance une attaque contre le système social allemand et demande, dans un premier temps, une réduction d'un dixième des dépenses consacrées au revenu minimum garanti, soit cinq milliards d'euros. C'est le « minimum », a dit Merz mardi. Il avait déjà dit avant que l'Allemagne « ne pouvait tout simplement plus se permettre » son système social et avait annoncé une « rupture de l'époque » : « La République de Bonn est finie pour de bon. » La « rupture de l'époque » de Merz fait suite au « tournant historique » proclamé en 2022 par son prédécesseur Olaf Scholz, qui a entraîné une augmentation spectaculaire des dépenses militaires, conduisant aujourd'hui à des coupes sombres dans les budgets sociaux : le triplement du budget de la défense est financé au détriment des plus pauvres. Et pourtant, l'Allemagne enregistre déjà une nette augmentation du taux de pauvreté. Les coupes dans les budgets sociaux au profit de l'armement sont un processus qui touche tous les pays européens membres de l'OTAN. Le trio armement, coupes sociales et pauvreté s'accompagne d'une répression croissante à l'encontre des opposants à la guerre et à l'armement, comme récemment avec la violence policière contre les manifestations à Cologne contre la militarisation de la République fédérale. Lire la suite