• Le plus grand programme d'armement

    L'OTAN a décidé du plus grand programme d'armement de l'alliance militaire depuis 1990. Les systèmes d'armement à acquérir ont été déterminés à partir de scénarios opérationnels pour une guerre contre la Russie.

    BERLIN/BRUXELLES (rapport exclusif) – Les ministres de la Défense de l'OTAN ont adopté le plus grand programme de réarmement de l'alliance militaire depuis la fin de la guerre froide. À l'issue de la réunion des ministres qui s'est tenue hier à Bruxelles, il a été annoncé que les pays de l'OTAN consacreront désormais 5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à l'armement, dont 3,5 % directement à leur budget militaire et 1,5 % à d'autres mesures de préparation à la guerre, telles que la construction d'infrastructures militaires nécessaires. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a commenté les conséquences de cette décision : « Les décisions prises aujourd'hui nous mèneront loin dans les années 2030. » Les plans de réarmement de l'OTAN ont été élaborés à partir de scénarios opérationnels concrets en cas de guerre avec la Russie. La Bundeswehr va notamment mettre en place cinq à six brigades de combat supplémentaires lourdement armées, chacune comptant environ 5 000 soldats. Selon M. Pistorius, le nombre de soldats devrait être augmenté de 60 000. Berlin souhaite profiter du réarmement de l'OTAN pour transformer la Bundeswehr en la force armée conventionnelle la plus puissante du continent européen, devant l'armée française. Lire la suite

  • La Chine et les terres rares (II)

    Les contrôles à l'exportation de la Chine, qui sont une réaction à la guerre économique occidentale, ralentissent la livraison de terres rares et entraînent de graves pénuries. Le secteur de l'armement est particulièrement touché.

    BERLIN/WASHINGTON/PÉKIN (rapport exclusif) – Des entreprises européennes et nord-américaines signalent les premières pertes de production dues à l'absence d'autorisations d'exportation pour les métaux rares en provenance de Chine. La République populaire détient un quasi-monopole sur ces matières premières. Elle a commencé à réglementer strictement leurs exportations, en réponse aux droits de douane imposés par les États-Unis sur les importations en provenance de Chine et en raison de l'augmentation rapide des restrictions, notamment américaines, sur les exportations vers la Chine. Alors que Washington et Pékin avaient convenu le 12 mai de suspendre leurs droits de douane réciproques pendant 90 jours et de reprendre les livraisons de terres rares en provenance de Chine, les États-Unis ont déjà torpillé cet accord le 13 mai en imposant de nouvelles restrictions à l'industrie high-tech chinoise. Les entreprises US envisagent maintenant de délocaliser une partie de leur production en Chine, où les terres rares sont toujours disponibles. La situation est particulièrement délicate pour l'industrie occidentale de l'armement, qui n'est actuellement plus approvisionnée par la République populaire. Celle-ci reflète ainsi les mesures d'embargo imposées depuis longtemps par l'Occident aux entreprises du secteur chinois de l'armement. Lire la suite

  • Négociations à Istanbul

    Les pourparlers de cessez-le-feu à Istanbul soulèvent à nouveau la question de savoir si la guerre n'aurait pas pu prendre fin dès 2022. Le ministre des Affaires étrangères Wadephul met en garde contre une surestimation des forces armées russes.

    BERLIN/KIEV/MOSCOU (rapport exclusif) – Les pourparlers entre Moscou et Kiev sur la fin de la guerre en Ukraine ont repris hier, lundi, à Istanbul, avec l'échange de documents de principe. La prochaine étape consisterait à analyser ces documents, après quoi les négociations pourraient se poursuivre. Entre-temps, l'échange de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine prend déjà de l’ampleur. Le retour sur les pourparlers de cessez-le-feu à Istanbul au printemps 2022, qui s'impose avec la reprise des négociations d'Istanbul, est jusqu'à présent empêché par les médias dominants, qui affirment catégoriquement que la Russie avait alors exigé une capitulation inacceptable de l’Ukraine. Des analyses détaillées, y compris celles d'experts occidentaux, prouvent le contraire. Ils soulèvent à nouveau la question de savoir pourquoi l'Occident n'a pas soutenu, voire a torpillé, les efforts de paix de l'époque. La déclaration du nouveau ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul, selon laquelle il ne faut pas surestimer la « machine de guerre » russe, soulève également des questions. L'affirmation selon laquelle les forces armées russes seront bientôt assez puissantes pour attaquer les pays de l'OTAN légitime l'actuel réarmement. Lire la suite

  • L'euro contre le dollar

    La présidente de la BCE, Lagarde, pense qu'un « rôle international plus important » de l'euro est possible au détriment du dollar US qui s'affaiblit. Ursula von der Leyen, demande une « indépendance européenne » vis-à-vis des Etats-Unis.

    BERLIN/BRUXELLES (rapport exclusif) - Grâce à la faiblesse actuelle du dollar, l'euro peut trouver « un rôle international plus important » et acquérir une plus grande importance dans le système financier mondial. C'est ce que prévoit la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde. Comme l'a souligné Lagarde la semaine dernière, la part du dollar US dans les réserves de change mondiales est la plus faible depuis 1994, soit 58%. De plus, la faiblesse actuelle du dollar est une chance pour l'euro. Irrités par la politique économique de Trump, les investisseurs ou les Etats pourraient être motivés à placer leurs réserves en euros. Mais la zone euro a besoin pour cela d'une « base géopolitique solide et crédible », qu'elle doit étayer par une forte capacité militaire. De plus, elle doit enfin créer le marché unique des capitaux dont on parle depuis si longtemps et devenir plus puissante en élargissant les décisions à la majorité. Alors que Lagarde demande cela, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se prononce également pour un nouveau « grand projet européen » - pour une « indépendance européenne » vis-à-vis des Etats-Unis. Il s'agit aussi d'un « rôle de leader dans l'économie mondiale de demain ». Lire la suite

  • « L'ère des patriotes »

    Le CPAC Hungary, qui débutera jeudi, marquera la « transition vers l'activisme » de l'extrême droite européenne. Le modèle : Trump. Des politiciens du monde entier et du RN sont attendus. L'objectif : « la conquête de Bruxelles ».

    BUDAPEST/BERLIN (rapport exclusif) – Le grand événement CPAC Hongrie, qui débutera demain jeudi, doit marquer pour l'extrême droite européenne une « transition vers l'activisme et la proactivité ». C'est ce qu'annonce le directeur de l'organisateur hongrois du CPAC, le « Centre pour les droits fondamentaux ». Parmi les orateurs de cet événement, fondé en 2022 comme une émanation de la Conservative Political Action Conference (CPAC) américaine, figurent notamment des dirigeants politiques de l'alliance d'extrême droite Patriotes pour l'Europe (PfE), qui constitue désormais le troisième groupe parlementaire au Parlement européen et qui comprend notamment le RN français, le FPÖ, la Lega italienne et le Fidesz hongrois, le parti du Premier ministre Viktor Orbán. En outre, des politiciens de droite d'Amérique du Nord et du Sud, d'Australie et d'Israël sont attendus ; l'objectif est de créer un réseau mondial. La CPAC de cette année sera « plus grande, plus bruyante et plus percutante » que les trois précédentes ; elle s'oriente vers l'« ère des patriotes » qui s'annonce, selon les organisateurs. Aux Etats-Unis, « le concept de société auquel nous croyons également » a conquis la Maison Blanche ; l'objectif est désormais « la conquête de Bruxelles ». Lire la suite

  • « Donner une chance à la Syrie »

    L'UE annonce la levée des sanctions contre la Syrie, après les massacres de minorités et en accord avec les Etats-Unis, qui souhaitent mettre fin aux guerres au Proche et au Moyen-Orient afin de se concentrer pleinement sur la lutte contre la Chine.

    BERLIN/BRUXELLES/DAMAS (rapport exclusif) – L'UE lève ses sanctions contre la Syrie et emboîte ainsi le pas à l'administration Trump. Comme l'a déclaré avec condescendance le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul après la décision, le cartel d'États souhaite « donner une véritable chance » au gouvernement de Damas. Cette décision intervient après que des milices proches du gouvernement ont massacré plus de 1 500 civils alaouites, que plus de 100 personnes ont trouvé la mort dans des combats entre milices sunnites et druzes et qu'une nouvelle escalade de la violence meurtrière contre les minorités menace. Le gouvernement syrien du président Ahmed al-Sharaa est également accusé de vouloir perpétuer un régime autoritaire. L'UE cherche à renforcer son influence en Syrie, tandis qu'Israël continue de bombarder le pays et d'occuper son sud, notamment pour contrer l'influence de la Turquie, qui soutient Al-Sharaa depuis des années et profite de son pouvoir à Damas. Le président américain Donald Trump, quant à lui, s'efforce de mettre fin aux guerres non seulement en Europe de l'Est, mais aussi au Proche et au Moyen-Orient, afin de pouvoir concentrer toutes ses forces dans la lutte contre la Chine. Lire la suite

  • « Un tournant dans l'histoire »

    L'UE prend des premières mesures, sans effet pour l'instant, contre Israël. L'Allemagne était contre, mais n'a pas pu empêcher cette décision. La raison : le blocus alimentaire et le plan qui se précise pour expulser la population de Gaza.

    BRUXELLES/BERLIN/TEL AVIV (rapport exclusif) – Contre l'avis de l'Allemagne, l'UE a décidé mardi de prendre des premières mesures, sans effet pour l'instant, contre Israël. C'est à cause de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza, qui, d'un côté, provoque une famine en bloquant complètement l'approvisionnement en nourriture et, de l'autre, force les gens à se regrouper dans le sud du territoire, où ils seront poussés à partir. « C'est un tournant dans l'histoire », a dit le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich. Ces derniers jours, le plan a eu ses premières conséquences de la part des pays européens. Selon une déclaration adoptée avec le Canada, la France et la Grande-Bretagne réfléchissent à des « mesures, y compris des sanctions ciblées » contre Israël. Londres a gelé ses négociations sur un accord de libre-échange avec le pays. Mardi, l'UE a décidé de réexaminer son accord d'association avec Israël. Berlin était contre, mais n'a pas pu empêcher cette décision. Le président de la coalition israélienne The Democrats dit que l'action du gouvernement israélien fait d'Israël un État paria et met son existence en danger. Lire la suite

  • L'« engagement européen » de la Roumanie

    Berlin salue la victoire du candidat libéral à l'élection présidentielle en Roumanie. Le candidat d'extrême droite perdant défendait des positions prorusses. Il a également été élu en raison de la colère contre la pauvreté et la corruption.

    BERLIN/BUCAREST (rapport exclusif) - Des dirigeants politiques allemands et européens ont réagi avec satisfaction à la victoire du candidat libéral-conservateur Nicușor Dan à l'élection présidentielle en Roumanie. Le candidat d'extrême droite George Simion a dû s'incliner devant lui avec 46,4 pour cent. La Roumanie s'est engagée « en faveur d'une Europe forte et sûre », s'est félicité le chancelier Friedrich Merz. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que le pays avait choisi « la promesse » d'une « Roumanie prospère ». En effet, Simion a obtenu un nombre de voix particulièrement élevé dans les régions rurales pauvres de Roumanie, le deuxième pays le plus pauvre de l'UE, ainsi que dans la diaspora, qui constitue en grande partie la main-d'œuvre la plus mal payée, y compris en Allemagne. L'UE ne leur a pas apporté la prospérité, mais la misère. Simion a également été soutenu par une partie de l'establishment roumain, connu pour être particulièrement corrompu, qui a tenté de manipuler les élections pour empêcher la victoire de candidats prorusses d'extrême droite. Berlin et Bruxelles ont exigé que la Roumanie, qui accueillera à l'avenir la plus grande base aérienne de l'OTAN en Europe, maintienne un cap clairement antirusse. Lire la suite

  • « Indépendance nucléaire des Etats-Unis »

    Macron fait avancer le débat sur le bouclier nucléaire français pour l'Europe. Berlin cherche des options pour participer aux décisions sur l'utilisation des armes nucléaires françaises. L'AfD souhaite une bombe allemande.

    PARIS/VARSOVIE/BERLIN (rapport exclusif) – Le président français Emmanuel Macron poursuit son initiative visant à placer d'autres pays européens, dont peut-être l'Allemagne, sous un « bouclier nucléaire » basé sur les bombes atomiques françaises, à la manière des Etats-Unis. Des « discussions sérieuses » à ce sujet sont déjà en cours avec la Pologne, a déclaré vendredi le Premier ministre polonais Donald Tusk lors de la signature d'un accord de coopération franco-polonais. Macron a annoncé que de telles discussions auraient également lieu avec d'autres États. Il existe également à Berlin des efforts visant à mettre en place une alternative à la participation nucléaire aux armes nucléaires US, renforcés depuis que l'actuel chancelier fédéral Friedrich Merz a annoncé le 21 février des discussions à ce sujet avec Paris et Londres. Certes, les principaux médias allemands ont récemment envisagé l'armement avec une « bombe allemande » dans le cadre d'une initiative nationale, en violation du traité de non-prolifération nucléaire et du traité deux plus quatre. Les politiciens de l'AfD y sont favorables. Les partis au pouvoir à Berlin misent toutefois sur une « solution européenne ». On ne sait pas encore comment Berlin pourra s'impliquer dans la décision d'utiliser ou non des armes nucléaires. Lire la suite

  • L'objectif de cinq pour cent de l'OTAN

    L'OTAN discute de l'augmentation des dépenses militaires à cinq pour cent du PIB. L'OTAN veut étendre son système d'oléoducs au territoire de l'ancienne RDA, se heurtant ainsi une nouvelle fois au traité « deux plus quatre ».

    BRUXELLES/BERLIN (rapport exclusif) - Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN se réunissent pour la première fois aujourd'hui à Antalya, en Turquie, afin d'examiner de nouveaux plans visant à porter les dépenses militaires à 5 % du produit intérieur brut (PIB). Il est prévu que 3,5 pour cent du PIB soient directement dépensés pour les forces armées et que 1,5 pour cent du PIB soit consacré aux préparatifs de guerre en matière d'infrastructures. L'augmentation pourrait être décidée de manière contraignante dans six semaines lors du sommet de l'OTAN à La Haye. Cinq pour cent du PIB représenteraient aujourd'hui 215 milliards d'euros pour l'Allemagne - 44 pour cent du budget actuel de près de 489 milliards d'euros. Dans le même temps, l'OTAN poursuit le développement de ses propres infrastructures, en complément des mesures de réarmement nationales. Selon certains rapports, le système d'oléoducs de l'OTAN, qui alimente notamment les bases aériennes militaires en carburant, doit être étendu au territoire de l'ancienne RDA - « aussi loin que possible à l'est, à proximité du théâtre d'opérations potentiel » dans une guerre contre la Russie. L'OTAN entre ainsi en conflit avec le traité « deux plus quatre », qui interdit toute présence militaire étrangère en Allemagne de l'Est. Il est déjà violé. Lire la suite