Bombardements et plans de déportation
Berlin se retient de critiquer la rupture du cessez-le-feu à Gaza par Israël. Là-bas et aux Etats-Unis, on continue de planifier la déportation forcée des Palestiniens de Gaza. Le gouvernement allemand risque de devenir complice.
BERLIN/TEL AVIV (rapport exclusif) – Le gouvernement fédéral continue de se garder de toute critique face à la rupture par Israël du cessez-le-feu dans la guerre de Gaza et aux nouveaux massacres qui s'y déroulent. Alors que les hauts représentants des Nations Unies se sont montrés « horrifiés » et que la représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Kaja Kallas, a qualifié les récentes frappes aériennes israéliennes d'« inacceptables », la ministre allemande des Affaires étrangères, Annegret Kramp-Karrenbauer, a d'abord plaidé pour la « proportionnalité ». Les frappes aériennes, dont la première vague a déjà fait 400 morts mardi, soit le plus grand nombre de morts en une journée depuis 2023, ont suivi le blocus de la bande de Gaza, qui dure depuis le 2 mars et se poursuit encore aujourd'hui, et qui prive plus de deux millions de personnes dans la zone bouclée de l'approvisionnement, notamment en nourriture et en médicaments. À cela s'ajoutent les projets de l'administration Trump, qui ont été rendus publics, de déporter de force la population de la bande de Gaza afin de construire des complexes hôteliers de luxe sur la côte. Si le clan Trump parvient à prendre le contrôle de facto de la bande de Gaza, les espoirs de Berlin d'exercer une plus grande influence au Proche-Orient seraient menacés. Lire la suite
Les Pacificateurs sous le feu (II)
Les attaques israéliennes contre les positions de la FINUL suscitent des protestations dans le monde entier. Nouvelles preuves de l'utilisation de civils palestiniens par Israël comme éclaireurs à Gaza. L'armée allemande s'est entraînée en Israël.
BERLIN/BEIRUT/TEL AVIV (Rapport exclusif) - Les récentes attaques des forces israéliennes contre des positions de la FINUL, ainsi que de nouvelles preuves de l'utilisation de civils palestiniens comme boucliers humains, conduisent à poser des questions au gouvernement allemand. Les tirs de militaires israéliens sur des postes de la FINUL, qui ont blessé plusieurs casques bleus, parfois grièvement, ont été vivement critiqués dans le monde entier ; « le monde entier » est indigné, selon le Premier ministre du gouvernement néo-zélandais - fortement marqué à droite. Le secrétaire général de l'ONU António Guterres, déclaré persona non grata par le gouvernement israélien et insulté comme une « tache », constate que « les attaques contre les forces de maintien de la paix » peuvent « constituer un crime de guerre ». Des recherches menées par le New York Times montrent que les forces israéliennes utilisent systématiquement des civils palestiniens comme boucliers et comme chiens renifleurs afin de découvrir des engins explosifs et d'épargner leur propre vie. Le gouvernement fédéral se garde bien de faire des déclarations. Ce qui soulève des questions, c'est que l'armée allemande entretient des relations très étroites avec l'armée israélienne et suit une formation complète sur ses pratiques, y compris au combat en milieu urbain et souterrain. Lire la suite
Les Pacificateurs sous le feu
Le quartier général de la FINUL, également utilisé par l'armée allemande, a été la cible de tirs de chars israéliens. Des unités israéliennes avaient déjà utilisé des casques bleus comme boucliers.
BERLIN/BEIRUT/TEL AVIV (Rapport exclusif) - Au Liban, le quartier général de la Force des casques bleus (FINUL), également fréquenté par des soldats allemands, a été pris pour cible par des militaires israéliens. La FINUL a annoncé hier jeudi qu'un char israélien avait détruit une tour d'observation dans son quartier général de Naqoura, blessant deux Casques bleus de l'ONU.Naqoura abrite également la structure de commandement allemande au sein de la FINUL. Les tirs font suite à des demandes israéliennes visant à ce que la FINUL quitte des postes dans la zone frontalière libanaise. Parallèlement, des unités israéliennes se sont retranchées à proximité immédiate de postes de la FINUL - en les utilisant de facto comme boucliers. Des sources de l'ONU estiment que la demande israélienne d'évacuation des postes de la FINUL dans la zone frontalière n'a pas pour but de protéger les casques bleus ; elle est liée au fait que la force de l'ONU « a toujours une fonction de surveillance importante ». « La conduite de la guerre israélienne au Liban » est, dit-on, “perçue comme impitoyable”, y compris par les diplomates occidentaux. Les destructions structurelles dans la bande de Gaza ont atteint l'ampleur des destructions en Ukraine, sur un territoire qui ne représente que la moitié de la superficie de Kiev. Lire la suite
« Dans l'intérêt national de l'Allemagne » (III)
Baerbock plaide pour une participation allemande à la « force de protection » pour Gaza. L'armée allemande qualifie la coopération militaire israélo-allemande d'« incroyablement étroite ». Israël a aidé à transformer la Bundeswehr.
BERLIN/TEL AVIV (rapport exclusif) - La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock n'exclut pas le déploiement de soldats de l'armée allemande dans le cadre d'une « force de protection » pour la bande de Gaza. Selon elle, l'Allemagne devrait à l'avenir participer à une intervention militaire dans le territoire, qui servirait à garantir un cessez-le-feu. D'autres politiciens de la coalition des feux de signalisation sont d'accord, mais refusent - du moins pour le moment - une participation allemande à des opérations de combat. Si l'opération se concrétise, elle pourra s'appuyer sur une longue tradition de coopération militaire israélo-allemande. Celle-ci a commencé à la fin des années 1950, lorsque les soldats israéliens ont été formés aux armes allemandes après la crise de Suez. La coopération a été renforcée dans les années 1980, mais surtout dans les années 1990, dans le but d'utiliser l'expérience opérationnelle des forces armées israéliennes pour la transformation souhaitée de la Bundeswehr en une force d'intervention opérant dans le monde entier. Dans ce but, les forces armées allemandes se sont engagées à se former en Israël, entre autres, à la « guerre des maisons et des tunnels ». Dans l'armée allemande, on dit que la coopération entre les forces armées des deux pays est « incroyablement étroite ». Lire la suite