À la recherche d'un plan B
Le différend franco-allemand concernant le projet d'avion de combat de sixième génération (SCAF) n'est toujours pas résolu. L'Allemagne envisage de se séparer de la France et de coopérer avec la Suède ou la Grande-Bretagne.
BERLIN/PARIS (rapport exclusif) – À la veille de la rencontre entre le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron ce vendredi à Sarrebruck, le différend concernant l'avion de combat franco-allemand SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) reste sans solution. Depuis le lancement du projet en 2017, le développement de cet avion de combat de sixième génération, qui doit être utilisé en association avec des drones et des essaims de drones, est marqué par des conflits concernant la répartition des parts dans le développement et la production. Alors que l'Allemagne estime que le groupe français Dassault exige des parts excessives, Dassault revendique un rôle de leader clair compte tenu des retards dans le projet. Aucune solution susceptible de lever le blocage actuel n'est en vue. En Allemagne, on évoque une séparation avec Dassault et un changement vers une coopération avec la Suède ou la Grande-Bretagne ; les groupes industriels de ces deux pays disposent du savoir-faire technologique nécessaire au développement de l'avion de combat, qui fait défaut à l'Allemagne. La France dispose également du savoir-faire et pourrait développer le SCAF seule, mais elle serait dépendante de partenaires financiers solides, par exemple en Inde ou dans le monde arabe. Lire la suite
La crise des drones (II)
Les plans visant à créer un mur anti-drones sur le flanc est de l'OTAN doivent être discutés lors du sommet informel de l'UE à Copenhague. Les start-ups allemandes plaident en faveur de cette mesure depuis des mois.
BERLIN/BRUXELLES (rapport exclusif) – À la veille du sommet informel de l'UE qui s'ouvre aujourd'hui à Copenhague, les projets de construction d'un mur de drones sur le flanc est de l'OTAN prennent de l’ampleur. Après l'annonce faite par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans son discours sur l'état de l'Union, le commissaire européen à la défense, Andrius Kubilius, a attribué vendredi une « priorité immédiate » à ces projets. Les start-ups allemandes spécialisées dans l'armement, telles que Helsing ou Quantum Systems, se prononcent depuis des mois en faveur du bouclier anti-drones, déjà réclamé en mars par le président de la Société allemande de politique étrangère (DGAP), l'ancien directeur général d'Airbus Thomas Enders, dans un document de synthèse. Selon M. Enders, il s'agit de promouvoir les équipements militaires européens de haute technologie conçus sans recourir à la technologie US. C'est précisément l'objectif des start-ups telles que Helsing ou Quantum Systems. Elles développent leurs drones en étroite collaboration avec l'Ukraine, où leur efficacité est testée dans des conditions réelles de guerre. Mais elles ne sont pas sans concurrence : ce week-end, la Grande-Bretagne a réaffirmé son intention d'équiper le mur de drones avec ses propres drones. Le ministre de la Défense Boris Pistorius soulève désormais des objections contre le projet. Lire la suite
La crise des drones (I)
Face aux tensions avec la Russie concernant les vols de drones au-dessus des bases militaires danoises, l'Alliance renforce ses opérations en mer Baltique. Berlin envisage la création d'un « mur de drones » à l’est.
BERLIN/BRUXELLES (rapport exclusif) – L'OTAN renforce son opération Baltic Sentry en mer Baltique et envisage de transformer sa surveillance de l'espace aérien (Air Policing) dans les pays baltes en une opération militaire permanente. Il en résulterait un durcissement des règles d'engagement et une nouvelle escalade de la situation dans la région. L'OTAN réagit ainsi, d'une part, au fait que des avions militaires russes auraient traversé l'espace aérien au-dessus du territoire de l'Estonie, membre de l'OTAN. D'autre part, elle réagit aux vols de drones au-dessus des aéroports et des bases militaires au Danemark. Récemment, le Danemark a fait venir à plusieurs reprises à Bornholm des lance-roquettes américains capables de tirer des armes à moyenne portée dans le cadre de manœuvres. Ces armes à moyenne portée pourraient facilement atteindre la Russie. En Allemagne, un membre du gouvernement fédéral plaide désormais également en faveur de l'abattage des avions militaires russes qui survolent l'espace aérien des pays de l’OTAN. En ce qui concerne les vols de drones au-dessus des bases militaires danoises, le président ukrainien Volodymyr Zelensky exige que la mer Baltique soit en principe fermée aux navires russes. Berlin fait avancer le débat sur un « mur anti-drones » pour la défense contre les drones. Lire la suite
« Buy European »
L'UE prépare des clauses « Buy European » pour compenser les pertes à l'exportation qui menacent en raison des nouveaux droits de douane US. De nouveaux accords de libre-échange devraient ouvrir de nouveaux débouchés.
BRUXELLES/BERLIN (rapport exclusif) – Afin de compenser les pertes à l'exportation dues aux récents droits de douane US, la Commission européenne prépare pour la première fois des clauses « Buy European », en violation flagrante des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le contexte est le suivant : l'accord douanier entre l'UE et des Etats-Unis permet à l'administration Trump de prélever des droits de douane de 50 % sur l'acier, l'aluminium et de nombreux produits dérivés. Cette mesure touche près de 9 % de toutes les exportations allemandes vers des Etats-Unis. Afin de permettre au moins leur vente dans l'UE, la Commission européenne prévoit de son côté d'imposer des droits de douane pouvant atteindre 50 % sur les importations de marchandises concurrentes. En outre, les marchés publics ne devraient plus utiliser ou privilégier que des biens fabriqués dans l'UE, tels que l'acier vert. Le ministre fédéral des Finances, Lars Klingbeil, approuve ce projet pour les projets d'infrastructure publics. Le chancelier fédéral Friedrich Merz a confirmé la semaine dernière que la République fédérale devait réduire sa dépendance économique vis-à-vis des Etats-Unis. Les accords de libre-échange, auxquels l'UE s'efforce actuellement de donner plus de poids, servent également ce projet. Les premiers protestations des agriculteurs contre l'accord avec le Mercosur se font entendre en France. Lire la suite
Hambourg en guerre
L'armée allemande s'entraîne dans le centre-ville de Hambourg, en collaboration avec des acteurs civils, pour une guerre contre la Russie. Des convois militaires et des hélicoptères doivent circuler jour et nuit dans les quartiers de la ville.
HAMBOURG (rapport exclusif) – Avec le début aujourd'hui des manœuvres Red Storm Bravo, l'armée allemande organise pour la première fois un exercice de guerre non seulement dans le port, mais aussi à grande échelle dans plusieurs quartiers de la métropole nord-allemande de Hambourg. Selon le scénario de la manœuvre, « les troupes de l'OTAN arrivent avec leur équipement et leurs systèmes d'armes dans le port de Hambourg, d'où elles sont transportées vers l'est par route et par rail », explique le commandant responsable du commandement régional de Hambourg. Dans le cadre de cet exercice, des convois militaires et des hélicoptères doivent traverser ou survoler des quartiers pendant la journée, mais surtout pendant la nuit ; des « détonations » et des « dégagements de fumée » sont à prévoir, selon les informations disponibles. Les autorités et les entreprises civiles, dont Airbus et la société Hamburger Hafen und Logistik AG (HHLA), sont étroitement associées à cet exercice. L'agence pour l'emploi de Hambourg teste l'application d'une loi de 1968 qui permet d'obliger des civils à effectuer certains travaux, c'est-à-dire d'exercer une contrainte de travail.Des observateurs mettent en garde : l'importance de Hambourg en tant que plaque tournante pour les transports militaires en ferait une cible prioritaire en cas de guerre. Des protestations contre cette manœuvre ont été annoncées. Lire la suite
Le virage à droite à la Trump
Le virage extrême à droite de Trump entraîne des effets d'imitation dans l'UE : plusieurs États veulent classer « l'Antifa » comme « terroriste ». L'AfD est actuellement le parti le plus fort et pourrait faire partie du gouvernement.
WASHINGTON/BERLIN (rapport exclusif) – La spectaculaire dérive politique vers la droite des États-Unis sous la présidence de Donald Trump entraîne les premiers effets d'émulation dans deux États et divers partis de l'UE. Après que Trump a déclaré jeudi qu'il souhaitait classer les organisations antifascistes (« l'Antifa ») comme « organisations terroristes », le Parlement néerlandais a demandé au gouvernement du pays de faire de même. Vendredi, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a annoncé son intention de se rallier au président US. Des demandes identiques ont également été formulées, entre autres, par le président du parti belge au pouvoir, le Mouvement réformateur (MR), et par l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). L'AfD est désormais en tête de deux sondages sur le parti le plus puissant d'Allemagne, devant la CDU (Union chrétienne-démocrate) et la CSU (Union chrétienne-sociale). Au sein des partis de l'Union, on estime que si le SPD (Parti social-démocrate) continue de refuser les coupes sociales drastiques souhaitées au sein du gouvernement fédéral, d'autres coalitions gouvernementales sont envisageables, faisant allusion à une coalition avec l'AfD. Celle-ci pourrait s'avérer nécessaire pour mettre en œuvre les plans d'armement drastiques de Berlin. L'administration Trump montre quant à elle des tendances fascistes. Lire la suite
« Arrêtez von der Leyen ! »
Allemagne : résistance acharnée contre des sanctions européennes à l'encontre d'Israël. À Gaza, le nombre de morts dépasse les 65 000, celui des victimes de la famine atteint 435. Les Nations unies qualifient ces événements de génocide.
BERLIN/TEL AVIV (rapport exclusif) – En Allemagne, une résistance acharnée s'organise contre les sanctions proposées par la Commission européenne à l'encontre d'Israël.Il est « bouleversant » que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, « poursuive son idée mal conçue de sanctions commerciales... », déclare Armin Laschet (CDU), président de la commission des affaires étrangères du Bundestag ; il faut l'arrêter. La Commission avait précédemment proposé d'imposer des sanctions contre les ministres d'extrême droite et de suspendre l'accord d'association de l'UE avec Israël dans le domaine commercial. Un refus de la République fédérale pourrait faire échouer les deux mesures. C'est ce qui risque de se produire, bien que la situation dans la bande de Gaza soit dévastatrice et que l'armée israélienne poursuive sa nouvelle offensive terrestre. Officiellement, plus de 65 000 personnes ont trouvé la mort, dont plus de 80 % de civils ; le nombre de morts de faim est passé à au moins 435. Mardi, une commission indépendante de l'ONU a conclu dans un rapport qu'Israël commettait un génocide et que ceux qui ne s'y opposaient pas se rendaient coupables de « complicité ». Les organisations humanitaires appellent à une intervention dans la bande de Gaza. Lire la suite
Exercices militaires au Groenland
Plusieurs pays européens membres de l'OTAN, dont l'Allemagne, mènent des exercices militaires au Groenland et dans ses environs, réaffirmant ainsi leur opposition aux projets d'annexion US. Ces manœuvres visent également la Russie.
NUUK/COPENHAGUE/BERLIN (rapport exclusif) – À travers des exercices militaires au Groenland et dans ses environs, plusieurs pays européens membres de l'OTAN, dont l'Allemagne, manifestent leur opposition à la demande US-d'annexion de l'île danoise. Le président des Etats-Unis Donald Trump a réaffirmé à plusieurs reprises son intention d'annexer le Groenland aux Etats-Unis et n'a pas exclu le recours à des moyens militaires. Plusieurs services secrets des Etats-Unis ont lancé les premières activités subversives afin d'identifier les partisans et les opposants des Etats-Unis au Groenland et de semer les premiers troubles. Début juin, le président français Emmanuel Macron s'est rendu à Nuuk, la capitale du Groenland. Peu après sa visite, un navire de guerre allemand, le ravitailleur de force Berlin, y a fait escale pour la première fois.Nils Schmid, secrétaire d'État parlementaire au ministère de la Défense, s'est également rendu sur place pour faire passer le message que pour la République fédérale, « la sécurité du Groenland » n'était pas un « simple slogan ». Avec les mesures prises par le Danemark pour s'assurer le soutien futur de l'UE contre d'éventuelles agressions US-américaines, la militarisation de l'île danoise s'accélère, notamment dans le contexte de la lutte pour le pouvoir contre la Russie. Lire la suite